13 novembre 2010
Les nationalistes révolutionnaires de Marine Le Pen
Dans un article sur "les deux conceptions différentes du Front national" développées par Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, j'avais souligné cet été que ce dernier n'a "pas le monopole des liens avec l'extrême droite radicale".
Jeudi dernier, une des principales personnalités de la mouvance nationaliste-révolutionnaire, Christian Bouchet (VoxNR), en a apporté une illustration supplémentaire en exhortant ses amis à "adhérer au Front national aujourd'hui pour pouvoir élire son président demain" (1). Dans le même message, Christian Bouchet dévoile son "espérance" et son "rêve" de voir Marine Le Pen succéder à son père et révèle qu'il a adhéré au FN "quelques mois après" la publication, en novembre 2002, d'un texte où il évoquait "la guérilla anciens/modernes" au sein du parti de Jean-Marie Le Pen.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit: les "anciens" contre les "modernes". Une division plus subtile que celle entre modérés et radicaux, comme l'avait déjà montré la coalition hétéroclite des partisans de Bruno Mégret lors du "pu-putsch" de 1998. Christian Bouchet avait alors fait le choix du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, dont il sera effectivement élu en février 2002 au conseil national, aux côtés d'autres membres d'Unité Radicale (cofondateur de ce groupuscule, il en sera exclu quelques mois avant sa dissolution par décret).
En faisant un parallèle entre l'extrême droite et l'intégrisme islamiste, Bruno Gollnisch incarnerait comme les talibans un courant réactionnaire (terme qu'il revendique à travers son livre La Réaction, c'est la vie, Godefroy de Bouillon, 2003), tandis que Marine Le Pen incarnerait comme les chiites iraniens un courant moderniste. Il n'est donc pas si étonnant que les nationalistes révolutionnaires – qui se réfèrent au premier fascisme, "de gauche" et futuriste – se sentent davantage proches de celle qui, par ailleurs, incarne médiatiquement la "dédiabolisation" du FN.
Bref, Christian Bouchet joue aujourd'hui Marine Le Pen contre Bruno Gollnisch comme il joua en 1999 Bruno Mégret contre Jean-Marie Le Pen ...en visant collatéralement sa fille: "Nous avons eu raison idéologiquement quand nous avons affirmé que les Fini (2) potentiels ne se trouvaient pas au côté de Mégret, écrivait-il à l'époque dans le numéro 9 de sa revue "Résistance!". L'expérience nous a rapidement montré qu'au contraire c'était dans la famille même du conducator de Montretout que l'on postulait pour cette place, et qu'on se montrait prêt à tout brader".
(1) Seuls pourront voter au congrès du FN des 15 et 16 janvier 2011 "les adhérents à jour de cotisation dont l'adhésion aura été reçue (et non pas envoyée) au siège du FN le 10 décembre 2010 au plus tard".
(2) Gianfranco Fini, qui a transformé l'extrême droite néo-fasciste italienne (Movimento Sociale Italiano, MSI) en un parti de droite voire de centre-droit.
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01 juillet 2010
Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, deux conceptions différentes du Front National
C'est hier qu'a été publiée la liste des candidats à l'élection du président du Front National. Un tournant dans l'histoire du parti d'extrême droite, puisque Jean-Marie Le Pen, qui le préside depuis sa création en 1972, a décidé de passer la main à l'occasion du prochain congrès, les 15 et 16 janvier 2011 à Tours. Comme prévu, deux personnalités ont dépassé la barre des vingt parrainages de secrétaires départementaux nécessaires pour briguer les suffrages des adhérents : Marine Le Pen (68 parrainages), 42 ans, et Bruno Gollnisch (30 parrainages), 60 ans.
Interrogés sur ce qui les différencie l'un de l'autre, les deux vice-présidents exécutifs du FN commencent par botter en touche. "Ce n'est pas à moi de répondre à cette question, puisque l'apparition de Marine sur la scène politique est postérieure à la mienne", tranche Bruno Gollnisch. "Bruno n'a jamais contesté mes prises de position, rétorque Marine Le Pen. C'est donc a priori qu'il les approuve. Sinon, il est temps aujourd'hui qu'il le dise !" Il n'empêche, des différences existent bien entre les deux protagonistes.
"Il y a deux analyses qui s'affrontent au sein du FN, reconnaissait ainsi au début de l'année Marine Le Pen dans La Croix. Certains pensent que le FN monte grâce à sa diabolisation. D'autres que le FN monte malgré sa diabolisation. Je fais partie de la seconde catégorie." De fait, celle qui entend "dédiaboliser" le parti s'est toujours démarquée des petites phrases sur la Seconde Guerre mondiale qui valurent à son père et à Bruno Gollnisch des poursuites judiciaires et la levée de leur immunité de parlementaires européens. "Il existe à l'égard du FN une suspicion d'antisémitisme, martèle Marine Le Pen. Tout propos contribuant à nourrir cette suspicion est malvenu."
"Marine Le Pen n'oublie pas les fondamentaux frontistes – refus de l'immigration, préférence nationale, souverainisme, rejet des élites – mais elle est moins racialiste et oublie ce que les plus radicaux des militants considèrent comme faisant partie de ces fondamentaux", décrypte Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste de l'extrême droite. Afin de se démarquer de sa concurrente, Bruno Gollnisch aime d'ailleurs rappeler une phrase de Marine Le Pen lors de la dernière campagne présidentielle : "La candidature de rassemblement du peuple français débarrassée des spécificités religieuses, ethniques ou même politiques, c'est la candidature de Jean-Marie Le Pen." "C'est une déclaration malheureuse, explique le conseiller régional de Rhône-Alpes. Une candidature de rassemblement du peuple français doit au contraire intégrer et revendiquer hautement ces spécificités. La France n'est pas réductible aux valeurs républicaines, c'est une réalité charnelle et spirituelle : la vision que développe Marine de la Nation est abstraite et idéologique."
Contre le communautarisme islamique, la conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais brandit, il est vrai, l'étendard d'une "laïcité sans concession". Tandis que Bruno Gollnisch participera, mi-juillet, à l'université d'été de Renaissance catholique, un groupe traditionaliste qui dénonce "le piège de la laïcité" en général et "l'imposture qui consiste à faire accroire qu'elle pourrait être une réponse aux problèmes posés par l'immigration musulmane" en particulier.
"Bruno Gollnisch n'a jamais varié, il assume ses amitiés et ses idées radicales", poursuit Jean-Yves Camus. En novembre 2009, le dirigeant du FN a été l'invité d'honneur d'un "colloque nationaliste" à Lyon aux côtés de Pierre Sidos, fondateur en 1968 de l'Œuvre française. Proche des deux hommes, Yvan Benedetti, conseiller municipal de Vénissieux et secrétaire départemental du FN dans le Rhône, a lancé en mars dernier le mensuel Droite ligne (lire ci-dessous), qui fait le lien entre le parti lepéniste et ces milieux radicaux. Bruno Gollnisch n'a toutefois pas le monopole des liens avec l'extrême droite radicale : Marine Le Pen y possède également ses contacts, par l'intermédiaire notamment d'anciens du Groupe Union Défense (GUD) d'Assas, comme son ami Frédéric Chatillon, dont l'épouse travaille au siège du FN.
"Ma stratégie, c'est de rassembler tous les Français, qu'ils viennent de la droite ou de la gauche, avance Marine Le Pen. La stratégie de Bruno, c'est de rassembler toute l'extrême droite, avec des gens qui n'ont jamais été au FN ou qui l'ont quitté." Ce que confirme Carl Lang, ancien secrétaire général de la formation lepéniste et actuel président du Parti de la France, dissident du FN : "Bruno Gollnisch veut tendre la main à toutes les composantes de la résistance nationale, c'est donc lui qui s'inscrit dans la ligne du FN de Jean-Marie Le Pen."
Reste à savoir si l'appareil du parti restera neutre dans cette élection interne. Dans un entretien à France Soir, Jean-Marie Le Pen a ainsi affirmé hier, à propos de sa fille : "Elle a les qualités nécessaires et j'espère suffisantes pour assumer demain les fonctions auxquelles elle aspire, d'abord la présidence du FN, ensuite une candidature à l'Élysée." Autre handicap pour Bruno Gollnisch : la dissidence de nombreux cadres historiques. "Les départs de mes amis ne me renforcent pas, philosophe l'intéressé. Il me reste donc à convaincre les amis de Marine ! Mais ce n'est pas une question de génération : je suis ouvert à la modernité, je sais me servir d'un iPhone et même d'un iPad…"
Laurent de Boissieu
La Croix, 01 juillet 2010
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Extrême droite ligne
À la confluence de l'Œuvre française et du FN, Yvan Benedetti ne fait pas dans la dentelle dans le dernier éditorial du mensuel Droite ligne (juin 2010) en exhumant des poubelles de l'histoire le Protocoles des Sages de Sion, faux antisémite publié au début du XXe siècle. "Tout comme la suppression des frontières et des monnaies nationales, l'immigration massive et le métissage ont été annoncés dans un livre prémonitoire publié en 1905 : les Protocoles de sages de Sion", écrit-il.
Le FN n'a pas encore réagi sur ces propos tenus par un de ses cadre départemental et élu.
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14 janvier 2010
Marine Le Pen, républicaine?
Comment en est-on arrivé là?
Je viens de regarder le débat, sur France 2, entre Éric Besson (UMP) et Marine Le Pen (FN). Quel désastre !
Marine Le Pen a en effet eu beau rôle de défendre le principe constitutionnel d'"égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion" face à un ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale qui défendait, lui, une politique de "discrimination positive" et la notion de "diversité" ethno-raciale.
Comment en est-on arrivé là pour que ce soit l'extrême droite qui défende la République?
Bien entendu, le FN n'est absolument pas crédible dans ce rôle, puisqu'il s'agit justement du premier parti à avoir introduit en politique une différenciation entre citoyens français à travers l'utilisation de l'expression "Français de souche" (pour les démographes de l'Ined, le Français de souche est celui qui n'a pas au moins un de ses grand parent immigré).
Après avoir abandonné dans les années quatre-vingt la Nation à l'extrême droite, pourquoi faut-il qu'aujourd'hui la droite et la gauche de gouvernement lui abandonnent la République?
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